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recueil de poèmes sur mes états d'âme

MON REFUGE

Publié le 6 Octobre 2021 par Lourenço Pereira Rosa Maria

Je te remercie, toi ma page blanche, qui accuse tous mes mots en silence, qui les absorbe et les retient .

Ils m'accompagnent depuis si longtemps déjà, et toi, tu les accepte, tu comprends que tu es mon refuge.

J'ai parfois ce vague à l'âme, celui qui me permet de venir te retrouver à l'encre de mes maux. Comme à chaque fois, tu as ce dont si particulier de les recevoir en silence entre ces quatre murs où je m'enferme, pour mieux me cerner, pour mieux te les confier...

 

J'ai compris il y a quelques années avec ton aide si précieuse, que je pouvais noircir tes pages avec un peu d'encre, celle qui au départ est rouge sang, la couleur de ce qui coule en moi comme la vie, comme mes cris. Puis grâce à toi, ce rouge qui ronge, par le vécu de ma vie, se transforme en encre libératrice, une encre, pas noire, non, une encre pleine de couleurs chatoyantes, un arc-en-ciel d'espoir.

 

Je pense que comme dans beaucoup de famille, il y a toujours un membre qui nous blesse inconsciemment. Mais cette blessure nous accompagne tout au long de notre vie, nous plonge dans un abîme qui laisse un mal-être, que l'on perçoit mal et qui nous fait souvent nous sentir mal. Pour tout un tas de raisons, nous taisons ce mal-être... Ce que l'on découvre souvent à tort et souvent tard, c'est que ça nous ronge doucement au départ, puis lorsqu'on prend de l'âge, ça prend tout un tas d'autres formes...

 

On se dit que ce n'est qu'une question de générations, qu' il y a un fossé entre cette autre et nous, et que c'est comme ça, après tout, on s'en est bien accommodé depuis tant d'années...

Puis il y a ce moment, où un sujet éclate et on finit par exploser, par tout jeter à l'autre en pleine figure, des mots que l'on pense sur le moment et qu'on sait qu'ils vont lui faire mal... comme ces mots que l'on reçoit et qui eux nous font mal depuis des années et que l'on garde pour soi, que l'on étouffe...

 

Tu la connais toi, bien sûr cette autre... celle qui me mit au monde... Celle qui vient d'une génération à l'ancienne, d'une famille Chrétienne avec ses lois absurdes sur la Religion...

Celle pour qui, j'étais une enfant de trop dans une famille de 2 enfants déjà et qui a essayé sur mes premières semaines de vie, de me faire tomber en sautant pour ne pas me garder...

 

Celle qui pourtant tout au long de mon enfance a tout fait pour faire de moi et mes frères de bons enfants. Mais moi, j'étais la fille, celle qui comme tant de femmes doit me taire, et me plier aux règles d'une bonne famille...

Me maquiller pour la première fois et m'entendre me laisser traiter de P...

Avoir mon premier amour et tout fait pour qu'il ne reprenne plus contact avec moi...

Avoir trouvé celui qui restera mon Mari, et m'entendre dire que je l'ai salie... Trente ans à remettre ça sur le tapis, si bien que j'en ai lissé chaque trame, jusqu'à ce que ce tapis devienne aussi pâle qu'elle à mes yeux...

Je m'entend souvent dire à mon Homme que si un jour elle partait, cela ne me ferai pas autant de mal que tous les employeurs formidables que j'ai perdu au cours de mon parcours de vie...

C est dur pas vrai, de dire une telle chose, surtout lorsqu'il s'agit de sa mère... celle qui est censée nous porter vers le haut pour que l'on s'aime soi-même et que l'on devienne à notre tour cette maman qui aimera ses enfants...

C'est dur, surtout quand je repense à mon Père... Je me comprend combien il a du souffrir, lui cet homme si fort, qui vint me voir en pleurant, me disant qu'elle finirait pas le tuer...

Il est de ces personnes qui arrivent à atteindre le plus profond de notre chair et notre âme et que l'on ose pas affronter car ce sont nos parents...

 

Hier tu sais, je les ai prononcé ces mots de trop, ils sont sortis si facilement et pourtant ma gorge était enrouée et ma voix déraillait en les sortant... Tous ces maux qui sont là depuis mon adolescence et que j'ai dit en les pensant, en la regardant dans les yeux...

J'envie souvent mes frères, comme j'aurais aimé être un homme... Je me le suis si souvent dit, tout aurai été plus facile pour moi...J'absorbe si souvent ces mots qu'elle ne laisse que pour moi, car moi je suis la fille, et une fille c'est pas pareil...

Ma famille me dit ne pas y prêter cas, que c'est sa maladie qui parle... C'est trop facile toutes ces excuses que je lui attribue depuis le départ de mon Père, pour protéger la promesse que je lui ai faite.

Trop facile de se dire que la maladie peut changer une personne... car sans la maladie, c'était déjà pareil.

Au final, les jours suivront, elle oubliera notre dispute comme à chaque fois... Mais elle n'oubliera jamais de me dire ces mots qu'elle ressasse depuis plus de 30 ans, comme un déshonneur familial et qui continuera à me blesser chaque fois, même si j'essaie de passer au-dessus...

 

Je vais laisser passer quelques jours, comme à chaque fois, et comme d'habitude, lorsque je culpabiliserais de ne pas l'appeler, je prendrais le portable et je lui demanderai comment elle va... J'irai la chercher pour qu'elle passe l'après-midi avec moi, en priant le ciel que ce soit un bon jour...

Je l'entendrais ne parler que de sa vie, comme d'habitude, et je la laisserais me répéter 20 fois les mêmes choses, inlassablement, jusqu'à ce que je la ramène chez elle...

Elle me dira combien elle m'aime, je pense que c'est vrai... je le souhaite au fond, comme chaque enfant, aime s'entendre dire de ses parents qu'ils les aiment...

Mais au fond, je sais que c'est un amour particulier, je me protège tu sais, je me dis que c'est ma mère...que je dois lui pardonner... 

 

Je sais que ça se limitera à ça, je tiendrais ma promesse, mais il y a ce fossé qui se creuse et qui s'écarte chaque fois un peu plus, emportant avec lui mon amour pour elle...

 

Demain sera un nouveau jour, je prendrais encore sur moi, et si je craque encore, je viendrais te retrouver pour te confier mes maux...

 

Je suis heureuse que tu fasses partie de ma vie, toi, qui ne me juge jamais, qui m'écoute en silence, qui peut passer plus d'une heure avec moi... Je n'aime pas les psy, je préfère de loin venir de raconter mes maux, car je sais que quand j'arrive à les poser noir sur blanc, tu m'apaises, me réconfortes...

 

Merci d'être là...

 

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